Ambroise Paré
En 1573, Paré fait paraître, dans le même volume, deux tomes distincts qui traitent de divers aspects de la génération. Le second, Des Monstres, est le plus connu grâce surtout à ses gravures parfois franchement éberluantes, alors que le premier, De la génération, répond à un appétit grandissant pour des livres en langue vulgaire sur ce sujet. Ce second tome privilégie les cas particuliers – jusqu’au point où certains chapitres revêtent l’aspect d’un catalogue – tandis que le premier restait pour la plupart sur le plan général.
LE CHOIX DES EPISODES QUI PARAISSSENT SUR LE SITE
En ce qui concerne le traité Des monstres, nous avons dû faire le choix des épisodes à retenir ici ; il aurait été inutile, voire fastidieux de les reproduire tous. D’une part, parmi les naissances ‘monstrueuses’ citées par Paré, bon nombre sont simplement puisées chez ses prédécesseurs (Boaistuau, Gesner, Goulart, Lycosthenes, Rondelet, Tesserant) – on l’accusa souvent de plagiat ! D’autre part, dans bien des cas la naissance elle-même est notée d’une manière péremptoire, comme un fait qui témoigne de l’existence de tel ou tel ‘monstre’. Paré indique ainsi l’identité de la mère (son nom ou son statut social), le lieu, la date, voire l’heure de la naissance, et fournit une description détaillée de l’enfant, mais aucun détail médical quant à l’accouchement lui-même. Nous en reproduisons quelques exemples pour illustrer ce genre de récit, mais nous avons préféré retenir surtout les cas où les récits de naissance sont valorisés en eux-mêmes.
L'ETABLISSEMENT DU TEXTE
Afin de rendre compte des ajouts que Paré a apportés au texte d’origine, nous citons le texte tel qu’il paraît dans l’édition de 1584 des Œuvres de l’auteur, le dernier à paraître lors de son vivant.
1) The birth of a monstrous child in Piedmont in 1578
In a chapter entitled ‘Example of too great a quantity of seed’, Paré cites some fifteen examples of monstrous births which he ascribes to an excess of seed at the moment of conception. We do not know (see J. Céard’s critical editon, Ambroise Paré: des monstres et prodiges, Geneva, Droz, 1971, p. 158) the source which Paré used for the episode below. It did not appear in the first edition of his treatise On Monsters, its inclusion in later editions being a sign of his desire to keep up to date with more recent monstrous births, especially one which had aroused much public interest. As in many birthing tales of this kind, the woman giving birth is relegated to the background, leaving centre-stage to the monstrous offspring. The midwife’s terror when the child lets out its first cry underlines the sense that this is an exceptional event.
In Piedmont, in the town of Quiers (which lies some 5 leagues away from Turin), a respectable woman gave birth to a monster on the 17th day of January of this present year, 1578, at eight o’clock in the evening, its face being regularly formed. But the rest of its head appeared monstrous, since from it came five horns, similar to those of a ram, lined up next to each other, on the top of the forehead, and from the back of the head a long piece of flesh hang down its back, like a lady’s headdress. Round its neck was a single piece of flesh doubled over, like the collar of a shirt. The ends of its fingers were like the talons of a bird of prey, its knees like hocks. Its right foot and leg were very bright red in colour, the rest of the body a dull grey. It is said that when the monster was born it uttered a great cry which so startled the midwife and all those present that they left the house in terror.
1) La naissance d’un enfant monstrueux en Piémont en 1578
Dans le chapitre intitulé ‘Exemple de la trop grande quantité de semence’, Paré cite une quinzaine d’exemples de naissances monstrueuses qu’il attribue à une surabondance de semence au moment de leur conception. Nous ne savons pas (voir J. Céard, Ambroise Paré: des monstres et prodiges. Edition critique et commentée, Genève, Droz, 1971, p.158) la source où Paré a puisé l’épisode ci-dessous, qui n’a pas paru dans la première édition Des monstres. Il marque néanmoins son désir de rester au courant des naissances monstrueuses les plus récentes, dont celle-ci qui a défrayé la chronique. Comme dans bien des récits de ce genre, l’accouchement est relégué à l’arrière-plan (ainsi que la parturiente), car c’est l’enfant monstrueux qui en est mis en évidence. L‘effroi de la sage-femme lorsque l’enfant pousse son premier cri ne sert qu’à rehausser l’impression d’un événement exceptionnel.
En Piedmont, en la ville de Quiers distante de Thurin environ de cinq lieues, une honneste dame accoucha d’un monstre le dixseptiesme jour de Janvier à huict heures du soir, ceste presente année 1578, la face estant bien proportionnée en toutes ses parties. Il a esté trouvé monstrueux au reste de la teste en ce qu’il en sortoit cinq cornes approchantes à celles d’un belier, rengées les unes contre les autres, au haut du front, et au derriere une longue piece de chair pendante le long du dos, en maniere d’un chaperon de damoyselle. Il avoit autour de son col une piece de chair double couchée en la maniere d’un collet de chemise tout uny, les extremitez des doigts ressemblant aux griffes de quelque oyseau de proye, les genoux aux jarrets. Le pied et la jambe droite estoyent d’un rouge fort haut en couleur. Le reste du corps estoit de la couleur d‘un gris enfumé. On dit qu’à la naissance de ce monstre qu’il jetta un grand cry qui estonna tellement la sage-femme et toute la compagnie que l’effroy qu’ils en eurent leur feist quitter le logis.
2) Paré dissects a child with two heads, born after six months’ gestation
The second example from this same chapter (‘Example of too great a quantity of seed’) is interesting because Paré considers various reasons for such a monstrous birth. Alongside the argument used above (an excess of seed at the time of conception), he offers another possible explanation, the imbalance between the copious quantity of seed and the small size of the womb. This second hypothesis makes Nature itself responsible for the conception of the monster, since the situation admitted no other outcome.
[…] In Paris in 1546, a woman who was six months pregnant gave birth to a child having two heads, two arms and four legs, which I dissected, finding only one heart. Thus one can say that it was a single child. Aristotle says that if a monster has two bodies which are conjoined, if it is found to have two hearts, one can indeed say it is two males or females; but if, on the contrary, it is found that there is only one heart but two bodies, it is but one person. This monster may have been caused by the quantity of seed or because of a defect of the womb (if it was too small), such that if Nature, seeking to create two children finds the womb too narrow, it is unable to do so, and so the seed is restricted and compressed, and thus coagulates into a single ball, from which there will be formed two children joined together as we saw.
2) Paré fait l’autopsie d’un enfant né à six mois qui avait deux têtes
Le deuxième exemple que nous avons puisé dans ce même chapitre ‘Exemple de la trop grande quantité de semence’ nous intéresse puisque Paré se penche sur les diverses raisons d’une telle conception monstrueuse. A côté du premier argument – une simple surabondance de semence – il en cite un autre, le déséquilibre entre cette surabondance et la taille de l'utérus. Selon cette seconde hypothèse, c’est en quelque sorte la nature elle-même qui est responsable de la conception monstrueuse.
[…] L’an 1546, à Paris, une femme grosse de six mois enfanta un enfant ayant deux testes, deux bras et quatre jambes, lequel j’ouvry, et n’y trouvay qu’un cœur : partant l’on peut dire n’estre qu’un enfant. Aristote dict qu’un monstre ayant deux corps joints ensemble, s’il est trouvé avoir deux cœurs, on peut veritablement dire estre deux hommes ou femmes ; autrement s’il est trouvé n’avoir qu’un cœur avec deux corps, ce n’est qu’un. La cause de ce monstre pouvoit estre faute de matiere en quantité ou vice de la matrice qui estoit trop petite, par-ce que nature voulant créer deux enfans, la trouvant trop estroitte, se trouve manque, de façon que la semence estant contrainte et serrée se vient lors à coaguler en un globe, dont se formeront deux enfants ainsi joincts et unis ensemble.
3) Paré receives the dissected remains of siamese twins born in 1569
This is a further example from among some fifteen monstrous births which Paré records in his chapter entitled ‘Example of too great a quantity of seed’. A colleague had performed the dissection of these Siamese twins, and subsequently gave the preserved remains for Paré to include in his famous cabinet of curiosities. In the Renaissance, there appear to have been no ethical problems in keeping preserved foetuses, as we see also in the case of the calcified foetus discussed by Provanchières.
In 1569, a woman from Tours gave birth to twins which had only one head between them and which were joined together. They were given to me, preserved and dissected, by René Ciret, Master Barber-Surgeon, whose reputation is so celebrated throughout the area of Touraine that I need praise him no further. These last two monsters are in the possession of the author of this book.
3) Paré garde comme objet de curiosité le corps de jumeaux siamois nés en 1569
Voici un autre exemple parmi une quinzaine de naissances monstrueuses que Paré cite dans ce chapitre intitulé ‘Exemple de trop grande quantité de semence’. Son collègue qui a fait l’autopsie de ces jumeaux siamois les offre à Paré pour que celui-ci les expose dans son cabinet renommé de curiosités scientifiques - à cette époque, garder des fœtus pétrifiés ou séchés ne posait aucun problème éthique, comme nous le voyons également dans le cas du foetus pétrifié cité par Provanchières.
L’an 1569, une femme de Tours enfanta deux enfants gemeaux, n’ayants qu’une teste, lesquels s’entre-embrassoyent ; et me furent donnez secs et anatomisez par maistre René Ciret, maistre Barbier et Chirurgien, duquel le renom est assez celebre par tout le pays de Touraine sans que je luy donne autre louange. Ces deux monstres derniers sont en la possession de l’autheur.
4) Two multiple births which end in maternal death
Chapter five of On Monsters, which is headed ‘On women who carry more than one child in a single pregnancy’, lists some ten cases of multiple births. Most of Paré’s examples come from classical sources, several from contemporary ones. I include below the two for which no sources have been identified. The first is scarcely credible, whereas the second seems entirely plausible. The latter is similar to a birthing tale which Du Laurens will record, attributing it to the phenomenon of superfoetation.
And in our time, in the area between Sarte and Maine, in the parish of Seaux, near Chambellay, there was a manor called ‘la Maldemeure’, where in the first year of marriage the mistress had two children, the second year three, the third year four, the fourth year five, the fifth year six, and this last pregnancy caused her death. One of the six children is still alive, and is today Lord of Maldemeure.
 
At Beaufort-en-Vallée, in the region of Anjou, a young woman, daughter of the now deceased Macé Chauniere, gave birth to one child and then, eight or ten days later, to another which had to be pulled from her womb, and this caused her death.
4) Deux grossesses multiples qui entraînent la mort maternelle
Dans le chapitre V, intitulé ‘Des femmes qui portent plusieurs enfans d’une ventrée’, Paré dresse une liste d’une dizaine de cas de naissances multiples, la plupart puisés tantôt chez les auteurs anciens, tantôt chez ses contemporain. Nous citons ici les deux cas qui n’ont pas de source connue. Le premier ne semble guère croyable, alors que le second est parfaitement vraisemblable, et nous rappelle d’ailleurs un récit de naissance qui paraîtra chez Du Laurens – celui-ci y verra un exemple de la superfétation.
Et, de nostre temps, entre Sarte et Maine, paroisse des Seaux, pres Chambellay, il y a une maison de gentilhomme appellée la Maldemeure, duquel sa femme eut, la premiere annee qu’elle fut mariée, deux enfans, la seconde année trois, la troisiesme quatre, la quatriesme cinq, la cinquiesme six, dont elle mourut ; il y a un desdits six enfans vivant, que est aujourd’huy sieur dudit lieu de Maldemeure.
 
A Beaufort en vallée, pays d’Anjou, une jeune femme, fille de feu Macé Chauniere, accoucha d’un enfant et, huict ou dix jours apres, d’un autre, qu’il luy fallut tirer hors le ventre, dont elle mourut.
5) The birth in 1517 of a child with the face of a frog
In Chapter 10, entitled ‘Example of monsters caused by the imagination’, Paré quotes the traditional belief that if a something a pregnant woman sees makes a strong impression on her imagination, the child will bears the physical mark of it. He cites an example dating back to 1517, in which a child was born with the face of a frog. This child was examined by a group of men whose testimony, according to Paré, was beyond reproach. Since he supplies an illustration to accompany the tale, he does not provide a detailed description; the image would allow readers to grasp the nature of the deformity at a glance.
In 1517, in the parish of Bois-le-Roy, in the forest of Biere, on the way to Fontainebleau, a child was born who had the face of a frog. The child was seen and examined by Jean Bellanger, a Surgeon in the King’s Artillery, in the presence of the local judiciaries of Harmois, these being the most respectable Jacques Bribon, the King’s Prosecutor for this place, and Estienne Lardot, an honourable citizen of Melun, and Jean de Vircy, Royal Notary in Melun, and others. The father of the child was called Esme Petit, and the mother Magdaleine Sarboucat. Bellanger, a man of intelligence, wishing to know the cause of this monster, enquired of the father what could have caused it. The latter responded that he believed that, when his wife was suffering from a fever, one of her neighbours advised that in order to cure it she should take a live frog in her hand and keep hold of it until the frog died. That night she went to bed together with her husband, still holding the frog in her hand. She and her husband had intercourse, and she conceived, and because of the power of the imagination this monster was produced, as you see in the illustration.
5) Naissance en 1517 d’un enfant ayant le visage d’une grenouille
Dans le chapitre IX, intitulé ’Exemple des monstres qui se font par imagination’, Paré cite la croyance ancienne selon laquelle, si l'imagination d’une femme enceinte est fortement marquée par une image singulière, l’enfant en portera l’empreinte. Il raconte un exemple qui remonte à 1517 : l’enfant au visage d’une grenouille, qui a été examiné par un groupe d’hommes dont on ne douterait pas du témoignage. Puisque l’histoire est accompagnée d’une gravure, Paré n’avait guère besoin de développer sa description, car ses lecteurs comprendraient au premier coup d’œil la nature grotesque de cette difformité.
L’an mil cinq cents dix sept, en la paroisse de Bois le Roy, dans la forest de Biere, sur le chemin de Fontaine-bleau, nasquit un enfant ayant la face d’une grenouille, qui a esté veu et visité par Maistre Jean Bellanger, chirurgien en la suite de l’Artillerie du Roy, és presences de messieurs de la justice de Harmois, à sçavoir honorable homme Jacques Bribon, Procureur du Roy dudit lieu, et Estienne Lardot, Bourgeois de Melun, et Jean de Vircy, Notaire Royal à Melun, et autres ; le pere s’appelle Esme Petit, et la mere Magdaleine Sarboucat. Ledit Bellanger, homme de bon esprit, desirant sçavoir la cause de ce Monstre, s’enquist au pere d’où cela pouvoit proceder : luy dist qu’il estimoit que, sa femme ayant la fiévre, une de ses voisines luy conseilla, pour guerir sa fiévre, qu’elle print une grenouille vive en sa main et qu’elle la tint jusques à ce que ladite grenouille fust morte ; la nuit elle s’en alla coucher avec son mary, ayant tousjours ladite grenouille en sa main ; son mary et elle s’embrasserent, et conceut, et par la vertu imaginative ce monstre avoit esté ainsi produit, comme tu vois par ceste figure.
In the 1584 edition of On Monsters, Paré adds a reference to the calcified foetus of Sens, a case which had been described in great detail in an account published in 1582 by Provanchières. Paré does no more than repeat the familiar facts of this celebrated episode, but his version implicitly suggests a very practical explanation of how it came about, by virtue of its inclusion in a chapter entitled ‘Example of monsters which are caused by the mother sitting for too long with her legs crossed, or by her having constricted or over-tightly strapped the womb during pregnancy.’
Now sometimes, by chance, it also happens that the womb is naturally quite large. However, during pregnancy the woman has spent almost all her time sitting with her legs crossed, as commonly occurs among seamstresses or those who work with tapestries on their knees, or she has strapped and constricted her womb too tightly, and as a result the children are born bent, hunch-backed and deformed, some having their hands and feet twisted as you see in this illustration.
Illustration of a prodigious, calcified foetus, which was found inside a woman from Sens after her death, on the 16th May 1581. She was 68 years old, and had carried the child in her womb for 28 years. The body of the child had almost entirely sunk into the shape of a ball, but it is depicted here stretched out in order to display the whole body and limbs, except one hand which was missing.
Dans l’édition de 1584, Paré ajoute une notice au sujet de l'enfant pétrifié l’enfant pétrifié de Sens, événement raconté plus au long, dès 1582, dans le récit de Provanchières. Bien que l’auteur Des monstres et prodiges se contente de répéter les détails bien connus de ce cas célèbre, il est néanmoins intéressant de noter l’explication implicite qu’il en propose – une explication tout à fait pratique - car l’épisode paraît dans un chapitre qui s’intitule ‘Exemple des monstres qui se font, la mere s’estant tenue trop longuement assise, ayant eu les cuisses croisées, ou pour s’estre bandée et serrée trop le ventre durant qu’elle estoit grosse.’
Or quelquesfois aussi il advient, par accident, que la matrice est assez ample naturellement ; toutesfois, la femme estant grosse, pour s’estre tenue quasi tousjours pendant sa grossesse et les cuisses croisées, comme volontiers font les Cousturieres ou celles qui besognent en tapisseries sus leurs genouils, ou s’estre bandé et trop serré le ventre, les enfans naissent courbez, bossus et contrefaits, aucuns ayans les mains et les pieds tortus, comme tu vois par ceste figure.
Pourtraict d’un prodige et enfant petrifié, lequel a esté trouvé au cadavre d’une femme en la ville de Sens, le seiziesme de May, mille cinq cens octante deux, elle estant aagée de soixante huit ans, et l’ayant porté en son ventre par l’espace de vingthuit ans. Ledit enfant estoit quasi tout ramassé en un globe, mais il est icy peint de son long pour mieux faire voir l’entiere figure de ses membres, hors mis une main qui estoit defectueuse.
7) In 1571 a woman from Antwerp gave birth to a monster resembling a dog with the head of a fowl
In a chapter on the ‘Example of the mixing of seed’, Paré construct an astonishing catalogue of half-human, half-animal monsters, most of which (he claims) were born in his lifetime. Despite his experience as a surgeon and scientific thinker, he seems to have seen no reason to question the common belief that it was possible for a woman to give birth to such creatures. The extract below gives a flavour of these tales, the style of which is often designed to appeal to a taste for the luridly outlandish. At the moment of birth, the mother cries out as the birth is accompanied by a portent (the fireplace collapses), a common feature of such tales. Paré’s observation that the woman went into labour prematurely provides an explanation for the fact the monster did not live.
In Antwerp in 1571, the wife of a companion Printer named Michel, living in the house of Jean Mollin, an engraver, at the sign of the Foot of Gold, gave birth at the Camerstrate, on the feast day of St Thomas at about 10 o’clock in the morning, to a monster looking very like a dog, except that it had a very short neck, and a head just like a fowl’s but without hair. It did not live because the woman had given birth prematurely. And at the very moment of giving birth, she let out a terrible cry and (a cause of wonder) the fireplace fell to the floor, without in any way harming the four small children who were nearby. And since this happened recently, I have chosen to include an illustration of it.
7) A Anvers une femme accouche en 1571 d’un monstre qui ressemble à un chien ayant la tête d’une volaille
Dans le chapitre consacré à l’’Exemple de la commixtion et meslange de semence’, Paré recense un véritable bestiaire de monstres mi-humains, mi-animaux, dont la plupart seraient nés lors de son vivant. Tout chirurgien et homme scientifique qu’il est, il ne semble éprouver aucun besoin de remettre en cause l’idée courante selon laquelle une femme peut donner naissance à de telles créatures. Nous donnons un aperçu du style de ces récits – qui frôlent les chroniques les plus ahurissantes et qui se veulent aussi invraisemblables que possible – en reproduisant ici celui de la naissance d’un monstre qui ressemble à un chien. Remarquons que cette naissance prodigieuse s’accompagne d’un cri (de la part de la parturiente) et d’un signe (la chute de la cheminée), comme c’est souvent le cas dans ce genre de récit. Si Paré constate que la femme accoucha avant terme, c’est pour expliquer le fait que le monstre n’ait pas vécu.
L’an 1571, à Anvers, la femme d’un compagnon Imprimeur nommé Michel, demeurant au logis de Jean Mollin, tailleur d’Histoires, à l’enseigne du pied d’or, à la Camerstrate, le propre jour sainct Thomas, sur les dix heures du matin, accoucha d’un monstre representant la figure d’un vray chien, excepté qu’il avoit le col fort court, et la teste ne plus ne moins qu’une volaille, toutesfois sans poil ; et n’eut point de vie, parce que ladite femme accoucha avant terme ; et à l’heure mesme de son enfantement, jettant un horrible cry (chose esmerveillable), la cheminée du logis cheut par terre, sans aucunement offenser quatre petits enfans qui estoyent à l’entour du fouyer ; et parce que c’est une chose recente, il m’a semblé bon d’en donner icy le portrait.
In 1573, Paré published a single volume containing two treatises on conception and procreation. The second, entitled On Monsters, is well known, partly because of its illustrations which are (in some cases) frankly astonishing. It deals primarily with individual cases, certain chapters essentially constituting a catalogue of case studies, whereas On the Generation of Mankind provides a generic survey, with only a few individual birthing tales, the latter being intended to offer concrete illustrations of Paré’s theoretical remarks.
CHOICE OF EPISODES
I have had to select which episodes to feature here from the treatise On Monsters, since there would have been little to gain from including them all. (And a complete English translation of the work, by Janis L. Pallister, is available.) Many of the ‘monstrous’ births Paré cites are lifted from earlier writers (Boaistuau, Gesner, Goulart, Lycosthenes, Rondelet, Tesserant) – critics often accused him of plagiarism. In many other cases, the birth is recorded in the most summary manner, serving simply as proof that the ‘monster’ came into the world. In such cases, Paré confines his observations to: the identity of the mother (her name and social status), the place, date and even hour of the birth, and a detailed description of the offspring; but there is no medical detail on the actual birth. I have included a few such examples to illustrate the genre, but otherwise I have featured cases in which accounts of the birth itself are more detailed.
EDITION CITED
The translations are based on the 1584 French edition of Paré’s Works, the last to appear in his lifetime, which includes all the additions made by Paré.